2015 – 2018 - Série de dessins numériques
Travail numérique en cours, épaississements de logos par vectorisations successives de leurs contours, tirages divers, dimensions variables.
Marseille est une ville où les marques de sports et les grands groupes sont peut-être les plus représentés en France et pourtant c’est une ville dont la population est plutôt pauvre. De fait les supporters de l’OM (Olympique de Marseille) y sont omniprésents. Représentants de leur club, et des sponsors qui le soutiennent, ils sont inconsciemment et avec une certaine fierté, des porte-enseignes vivants.
Martelé par la présence des logos des multinationales, Rémi Dal Negro lors d’une résidence de création d’un an à Marseille, a décidé d’entamer un travail sur le contour de ces logos. La délimitation de cette forme qui le rend reconnaissable entre tous.
En utilisant Adobe Illustrator (logiciel de vectorisation principalement utilisé par les graphistes pour créer ces mêmes logos), il a vectorisé ces logos (transformé ces images matricielles en grilles de points), puis a utilisé ces contours en tracé, pour les faire évoluer.
Cette évolution du tracé obéit à une action simple du logiciel utilisé : Rémi Dal Negro épaissit ces tracés puis en aplatit les transparences et ce de façon répétée. C’est après cette seconde action seulement, que l’Aura commence à apparaître.
L’aura, cette ligne qui émane autour d’une forme, ce rayonnement lié à une sorte d’énergie spirituelle n’est autre qu’un « sur-contour » irréel / immatériel qui apparaîtrait autour d’un contour réel / physiquement tangible.
Cette œuvre évolue donc entre deux champs : celui du conscient et de l’inconscient, du réel ou de l’irréel, du cartésien ou du mystique, entre le champ du compris et du quantifiable et celui du spirituel et de l’inqualifiable.
Dans le cadre de cette manipulation informatique, le programme utilisé, crée des artefacts étranges, qualifiés d’aura par l’artiste. Ces artefacts viennent des calculs du programme lorsqu’il vectorise plusieurs données différentes en même temps : une forme déjà vectorielle qu’il reconnaît, son tracé, et une autre qu’il ne reconnaît pas car ce n’est ni une image, ni un tracé mais seulement l’épaississement du tracé (une donnée informatique). Ainsi il interprète entre deux champs : le reconnaissable et celui qui ne l’es pas, des liens qui font émerger une nouvelle forme autour de la première.
Appliqué au monde réel des logos et des multinationales, l’aura serait un peu la manière dont celles-ci se construisent. Avec en façade un logo simple, attrayant et symbole d’une histoire résumé en une image, connu de tous, mais avec, en son sein, une forme vibrante bien plus dense et quasi indéchiffrable : celle de la multinationale qui se ramifie et s’étend par des montages économiques internationaux complexes de baisse des coûts et d’optimisation fiscale.