À travers le souffle (Acetate)
2015 - Prise de vue au microscope Leica TCS, impression photographie sur Duratrans, caisson lumineux aluminium - 30 x 20 x 6 cm.
2015 - Objets photographiques
La série À travers le souffle exploite l’idée d’une impossibilité de traduire concrètement certains sons. Ces images sont le fruit d’une divagation autour d’une mythologie scientifique des bruits extrêmes.
« Suite à la lecture d’un article scientifique sur les LRAD, je me suis demandé quels sont les sons les plus puissants jamais enregistrés sur terre. Le Bloop de 1997 semble être le plus puissant, dont l’origine reste indéterminée. Mais qu’en est-il des cataclysmes les plus fous ? Ici Internet ne donne que des rapports mathématiques pour déterminer l’intensité, d’une bombe atomique par exemple. »
Aucun microphone ne peut, à l’heure actuelle, enregistrer ces sons et aucun haut-parleur ne saurait les restituer. Ces sons restent une fiction. Mais cette fiction peut être créée numériquement avec des programmes de MAO (Musique Assisté par Ordinateur). A partir des données mathématiques relatives aux sons de cataclysmes, Rémi Dal Negro à créé deux sons dont l’intensité et la fréquence restent illisibles et inaudibles par tous les supports. Ils existent, mais ne peuvent pas être entendu.
Le premier son, à 247 décibels, correspondrait à l’intensité du son à l’épicentre d’un tremblement de terre de magnitude 6,7. Le second, à 248 décibels, correspondrait au son de la bombe H d’Hiroshima, à l’emplacement de son impact, ou au son qu’aurait produit une éruption volcanique de très grande ampleur.
La fréquence de ces sons (2-3 Hz) est inaudible : la limite de l’audible pour l’être humain étant 20Hz. Leur intensité en décibels est tellement élevée (247Db - 248Db) qu’elle causerait la mort de quiconque l’entendrait. (A 200Db les poumons de l’homme se fissurent).
Afin de faire apparaître ces bruits mythologiques, Rémi Dal Negro a demandé à un presseur de vinyle de graver ces sons sur une matrice de production de vinyle (La matrice est un moule sur lequel on grave le son, c’est ensuite sur celle-ci qu’on va presser le PVC en fusion pour créer les vinyles). Ces sons ont été gravés indépendamment sur les deux matrices existantes dans l’industrie du disque noir, la gravure DMM et la gravure Acétate. Une matrice de vinyle est gravée à l’aide d’un burin au diamant qui vient pénétrer le support pour créer les sillons. Or, comme la plupart des supports audio, le vinyle est limité dans la reproduction de l’intensité et des fréquences du son. Les sons mythologiques créés par Rémi Dal Negro sont si intenses que le burin au diamant qui l’a apposé, a traversé la matrice.
C’est cette empreinte qu’il a fait photographier au microscope optique par l’INSA à Lyon.
Jusqu’ici il n’était pas possible de produire de tels sons. Depuis, le Large European Acoustic Facility (LEAF), à vue le jour.
À travers le souffle (DMM)
2015 - prise de vue au microscope Leica TCS, impression photographie sur Duratrans, caisson lumineux aluminium - 20 x 30 x 6 cm.